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Kali : « il est important de garder son équilibre »

Il vient de fêter ses 60 ans et ses 45 ans de carrière. Kali, alias Jean-Marc Monnerville, traverse le temps avec succès. Pour y parvenir, il puise son énergie dans la nature, quelques rituels matinaux et une formidable conviction personnelle. 

(article paru en nov-déc 2019)

Kali, c’est d’abord une silhouette. Longiligne, une démarche souple et de longues dreadlocks qu’il enroule volontiers autour de la taille. Les dreadlocks datent de ses 19 ans, quand le jeune Pierrotin découvre les enseignements rasta. Point de départ d’une philosophie intime. « J’ai pris ce qu’il fallait prendre », s’amuse-t-il, notamment, le rapport à la nature. « En me rapprochant de la nature, j’ai toujours l’impression de me rapprocher d’une certaine vérité. Tu vois comment elle réagit à ton comportement, à ce que tu plantes… Elle nous montre des choses. » Son régime alimentaire végétarien date aussi de cette époque, « simplement parce que ça me paraissait bizarre de tuer les animaux pour se nourrir ». Pour l’artiste, manger demeure aujourd’hui un geste essentiel, pour soi comme pour la planète. « C’est ce qui devrait concentrer le plus notre attention et notre énergie. » Si à l’échelle du territoire, il lui semble insensé qu’on ne puisse produire nous-même ce dont nous avons besoin pour manger, ou de « manger des pâtes plutôt que des aliments issus de notre terre », c’est à l’échelle individuelle qu’il place le curseur. « Cultiver autour de nous ce dont nous avons besoin pour manger me semble un sujet capital. » Chez lui, pas de potager traditionnel, mais des herbes aromatiques, des citrons, des haricots verts et beaucoup de bananes. « Que des plantes qui se plaisent et se développent autour de la maison », résume-t-il avec le sourire. Disposer de fruits et légumes locaux, c’est bien, les cuisiner c’est mieux ! Lui s’y plie tous les jours. « Ça prend du temps, mais au moins je sais que j’ai bien mangé. J’utilise du soja, du lait de coco, du curcuma, du curry, avec des légumes, bananes jaunes, dachines, fruits à pain et tous les types de haricots, blancs, roses, noirs », énumère-t-il. En Guyane où il habite pendant 10 ans, il pousse l’expérience un peu plus loin et fait même pousser du riz, « pour essayer ».

Énergie matinale 

En tournée, il reconnaît que bien manger quand on est végétarien est plus difficile et qu’on doit s’adapter, « manger des œufs, par exemple ». Celui qui a écumé les salles de Martinique et de l’Hexagone sait bien l’énergie nécessaire pour tenir bon et enchaîner les performances. « C’est comme une compétition sportive, ça demande beaucoup d’effort physique de chanter 2 h, soir après soir ! » Comment réussit-il à trouver son équilibre ? Plus jeune, le vélo, la natation et la course trouvent ses faveurs, mais des problèmes de dos le découragent. Aujourd’hui, il s’adonne aux « cinq tibétains », des exercices énergétiques d’éveil musculaire. À la fois exercices physiques et respiratoires, il s’agit de séquences de postures que l’on doit répéter un certain nombre de fois, qui permettent de travailler sur l’équilibre général, les jambes, le dos, et se terminent par une salutation au soleil. « C’est mon rituel du matin. Je fais des cycles de trois mouvements mais certains vont jusqu’à 21 fois ! » Avec les années, le matin est aussi devenu un moment propice au travail musical. « Il n’y a pas de bruit, le jour se lève, on ressent une énergie particulière, c’est idéal », apprécie-t-il. 

Image d’enfance

Comment Kali est-il devenu Kali ? Tout part d’un surnom qu’on lui attribue à l’époque du collège. « J’étais entré en sixième à 9 ans et demi, et forcément j’étais le plus petit de ma classe. Arrivé en quatrième pour me chahuter, on m’appelait Calimero », se souvient-il. Moqueur puis attachant, le surnom le suit dans les années 1970 avec la révolution créole jusqu’à devenir son nom d’artiste. Le jeune Kali sait très tôt ce qu’il veut et ce qu’il faut faire pour y arriver. « Je suis pour le travail, pour la réalisation, pour le « faire » », explique-t-il, pédagogue. Une conviction innée, cultivée par une famille empreinte de musique, tous artistes et travailleurs. « Quand j’avais 10 ans, le frère de ma mère, Max Ransay, était l’un des chanteurs les plus connus de Martinique. » Il entraîne Kali et les autres enfants de la famille à chanter. Et le jeune Kali est en admiration. « Chanter, faire de la musique a toujours été une évidence, une manière de vivre, un moteur pour moi. Une image d’enfance est d’ailleurs encore intacte. Ma mère est penchée sur mon lit ou mon berceau et elle chante pour moi. »

Lâcher prise

Bosseur, musicien appliqué, chef de bande, Kali a longtemps été un perfectionniste. « J’ai arrêté, j’essaie de voir le beau aussi dans l’imprévu et l’improvisation. C’est nouveau, et c’est bien aussi », confie-t-il. Sa carrière artistique suit un fil rouge, celui des origines musicales. « Depuis le début, j’ai voulu ne pas oublier la biguine et la mazurka qui sont les vrais sons de la Martinique, et composer en restant fidèle à cet héritage. » Ne succombant pas aux sirènes attirantes des rythmes et de la musicalité d’ailleurs, « à commencer par la musique africaine qui domine et influence toutes les musiques caribéennes actuelles », il imprègne sa marque et fédère les Antillais autour de ses propositions musicales. Depuis le concert anniversaire en février dernier et les 3 h 30 de show, le jeune sexagénaire travaille sur une musique de pièce de théâtre. Il prépare avec trac et envie l’enregistrement d’un nouvel album. Pendant quelques semaines, il s’enferme chez lui avec sa tribu, dans son studio installé dans la maison de son père. En attendant de faire surgir la musique « tous ensemble », Kali s’applique à préparer les morceaux qu’il a en tête et à prendre soin au quotidien de son âme, son assiette et son corps. « Il ne faut pas se leurrer, quand tu vieillis, tu as moins d’énergie. C’est important de garder son équilibre. »

Par Jean Palom

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