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Cancer du sein : quelles avancées ?

Women Hands Holding Pink Breast Cancer Ribbon Standing Together
Circle Of Diverse Women Hands Holding Pink Breast Cancer Ribbon Standing Together Indoor. Oncology And Support. Top View

La maladie est en régression et se soigne mieux. Cette embellie pourrait s’accentuer grâce à de nouvelles thérapies. Et à condition de continuer à prendre soin de soi… jusqu’au bout des seins !

En octobre 2019, pour la 26e année consécutive en France, l’association Le cancer du sein, Parlons-en ! organise la campagne Octobre rose. Un mois pour informer, dialoguer, mobiliser sur la maladie. Car le cancer du sein concerne, de près ou de loin, tout le monde. Une femme sur huit en développera un au cours de sa vie. Il reste la première cause de décès par cancer pour les femmes. Et il touche aussi des hommes, qui comptent pour 1 % des cas de cancer du sein. Cette maladie est donc courante. Mais, bonne nouvelle, après des années de hausse importante, son incidence a commencé à baisser en 2005. En 2017, selon l’Institut national du cancer (Inca), elle s’établit à près de 59 000 nouveaux cas par an en France. Il n’est pas facile d’expliquer cette évolution de manière sûre. La hausse était attribuée à un meilleur diagnostic, à l’allongement de la durée de vie et à l’exposition à la pollution. La baisse, elle, serait due à la diminution de l’utilisation de traitements hormonaux de la ménopause.

Réparer le génome

Ces cancers sont en effet provoqués par un ensemble de modifications des cellules du sein. À l’origine, on trouve souvent une série de mutations, des modifications du génome qui peuvent être dues à l’exposition à des rayonnements ou des substances cancérigènes. Parallèlement, les cellules ont perdu leur capacité à réparer leur génome. Ces systèmes de réparation sont sensibles à l’environnement hormonal des cellules. Ces successions de modifications dérèglent les cellules, qui se multiplient de manière anarchique, produisant de plus en plus de cellules cancéreuses. Cette prolifération forme une boule que l’on peut palper dans le sein. Ou bien un gonflement chaud et douloureux dans le cas de tumeurs inflammatoires. Ces cellules peuvent être retirées par la chirurgie. Ce que la chirurgie ne parvient pas à ôter sera détruit par l’exposition à des rayons X (radiothérapie) et certains médicaments (chimiothérapie). Si le cancer est trop agressif, ou le traitement trop tardif, des cellules tumorales se répandent ailleurs dans le corps et endommagent des organes vitaux, mettant la vie du patient en danger.

Adapter le traitement

Heureusement, le cancer du sein se soigne de mieux en mieux. Selon l’Inca, le taux de mortalité a baissé de 1,5 % par an entre 2005 et 2012. En 2015, 86 % des personnes étaient en vie 5 ans après le diagnostic et 76 % 10 ans après. Une des clés de cette amélioration, c’est le dépistage précoce. Il permet de diminuer de 20 % le risque de mourir d’un cancer du sein. Depuis le mois de juin dernier, la Sécurité sociale propose de rembourser intégralement une consultation préventive pour les jeunes femmes de 25 ans. Après leur avoir expliqué la maladie, évalué les facteurs de risques, le médecin leur recommandera de passer chaque année un examen clinique des seins (palpation). Après 50 ans, une mammographie (radiographie des seins) est proposée tous les 2 ans, elle-aussi intégralement remboursée par la Sécurité sociale. Pourtant, en 2017, seule une femme sur eux a répondu à l’invitation de la Sécurité sociale. Pourquoi une telle réticence ? « Il y a une part de déni, analyse Nathalie Chillan, présidente de l’association martiniquaise Ma tété, qui informe sur le cancer du sein. Certaines femmes n’y vont pas car elles ont peur qu’on trouve quelque chose. » Pourtant, le diagnostic précoce permettra de bénéficier d’un traitement plus rapide et moins lourd. D’autant que l’on sait désormais adapter le traitement au type de cancer. Chaque tumeur présente en effet des mutations qui lui sont propres, qui lui confèrent une plus ou moins grande agressivité. Après avoir déterminé le profil d’une tumeur, les médecins peuvent choisir le meilleur cocktail thérapeutique, et l’adapter à l’évolution du cancer.

Essai clinique

De nouveaux traitements sont également en train de voir le jour. En 2018, l’équipe de Steven Rosenberg à l’Institut américain du cancer à Bethesda (NIH), annonce qu’une Américaine de 52 ans, Judy Perkins, atteinte d’un cancer du sein métastatique en phase terminale, est en rémission depuis 2 ans. Elle fait partie d’un essai clinique d’immunothérapie cellulaire personnalisée. Des cellules immunitaires lui ont été prélevées. Il s’agit de lymphocytes T, connus pour lutter contre les cellules tumorales. Après avoir été sélectionnées et multipliées en laboratoire, ces cellules lui ont été réinjectées. Presque 2 ans après cette injection, toutes les lésions cancéreuses (qui mesuraient entre 2 et 7 cm) ont disparu. En attendant que ces nouvelles thérapies intègrent l’arsenal thérapeutique, des associations se battent sur le terrain pour soutenir les femmes malades. Nathalie Chillan, au sein de l’association Ma tété, milite pour qu’elles se ménagent des moments de plaisir et que la société ne les stigmatise pas. « J’ai été diagnostiquée avec un cancer du sein en 2013, raconte-t-elle. J’ai été la première en Martinique à parler de la maladie, à poser en photo. » Elle organise des événements, des sorties, pour que ces femmes, souvent recluses, aient l’occasion de sortir, de se faire belles, de renouer avec la société. Depuis, d’autres associations de ce type ont vu le jour en Martinique : « Je pense qu’on voit plus de femmes qui assument, qui en parlent », se réjouit la militante. Elle-même est allée jusqu’au bout de cette démarche. En 2017, après une chirurgie reconstructrice, elle se fait tatouer la poitrine. « C’est comme cela que j’ai repris possession de mon corps. » Une pratique de plus en plus en vogue, qu’utilisent même celles qui ont choisi de ne pas se faire reconstruire la poitrine. Une manière d’affirmer son amour de la vie et sa dignité de femme.

Tep Scan : technologie de haute précision

Avec une quinzaine d’années de retard sur la plupart des régions françaises, la Guadeloupe s’est dotée en juin 2018 d’un double équipement cyclotron/Tep Scan. Le premier sert à produire des marqueurs radioactifs qui sont injectés chez le patient avant de passer devant la caméra Tep Scan. Celle-ci enregistre les clichés de l’intérieur du corps sur lesquels apparaissent de nombreux détails, dont des tumeurs naissantes. Le Centre d’imagerie moléculaire de la Guadeloupe (Cimgua) est implanté dans la Zac de Dothémare, aux Abymes. Il devrait être suivi d’un équipement semblable en Martinique en 2020. « C’est une avancée considérable, se réjouit Lyonel Belya, chef du service de médecine nucléaire du CHU de Pointe-à-Pitre. Il permet de voir précisément la tumeur et déterminer si la maladie a commencé à se propager, notamment dans les ganglions axillaires. On fait aussi un bilan complet de tous les organes pour détecter des métastases. C’est important pour déterminer comment prendre en charge la maladie, et anticiper une éventuelle récidive. » Selon le médecin, l’équipement guadeloupéen a déjà sauvé de nombreuses vies.

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