Véritable phénomène de mode, la chicha s’impose par son aspect convivial et festif. Or, fumer la chicha, c’est fumer du tabac et donc s’exposer à ses effets sur la santé, mais aussi à la dépendance nicotinique.
Appelée narguilé, chicha ou shisha, la pipe à eau est un phénomène de société dont le succès ne cesse de s’accroître chez les jeunes. Ainsi près de 50 % des adolescents de 16 ans reconnaissent en avoir fumé. Or, « fumer la chicha pendant 60 minutes équivaut à fumer deux paquets de cigarettes », rappelle le Dr Hélène Allaguy-Salachy, médecin tabacologue. Cette durée correspond à 1,5 cigarette pour la teneur en nicotine, 20 cigarettes pour la production de monoxyde de carbone, 26 cigarettes pour la production de goudron et 40 cigarettes pour le volume de fumée avalée (chiffres : tabac info service).
Risque d’addiction
Si la concentration de nicotine dans la fumée de chicha est plus faible que dans la fumée de cigarette, la quantité de fumée absorbée est beaucoup plus importante. Et contrairement à une idée reçue, le passage de la fumée dans l’eau n’a aucun rôle filtrant ou purificateur. Elle contient autant de particules que la fumée de tabac. Comme le souligne le Dr Allaguy-Salachy, « le passage à travers l’eau va même produire une amplification des volumes inspirés. On note un phénomène d’ampliation, autrement dit une augmentation de la cavité thoracique pendant l’inspiration. Dès qu’il y a tabac, il y a nicotine. Et dès qu’il y a nicotine, il y a possibilité d’addiction. La chicha par son caractère ludique représente chez les plus jeunes une porte d’entrée dans le tabagisme, d’autant plus dangereuse qu’elle est méconnue. »
Toxicité des fumées
Le tabac à chicha est en moyenne composé de 28 % de tabac, 70 % de mélasse et 2 % d’arômes, agents de texture et conservateurs (INCa). Ce n’est pas la seule présence de nicotine qui fait la nocivité de la pipe à eau. Mais aussi la combustion, rendant les substituts à base de cellulose également dangereux. Le monoxyde de carbone présent dans la fumée de la chicha est sept fois supérieur à celui présent dans la fumée d’une cigarette. D’autant qu’au monoxyde de carbone du tabac, s’ajoute celui du charbon utilisé.
« Lors de la combustion de la chicha, comme lors de la combustion de la cigarette, plus de 4 000 substances chimiques sont émises dont nicotine, goudrons, monoxyde de carbone, cobalt, chrome, plomb. Beaucoup de ces substances sont toxiques, irritantes, voire cancérogènes. De plus, la combustion étant incomplète en raison de sa température assez basse (autour de 400-450 degrés, contre 800-850 pour une cigarette), la fumée de la chicha est beaucoup plus irritante pour les voies respiratoires que celle de la cigarette. »
Autres risques
Fumer la chicha, comme fumer la cigarette, augmente le risque de cancers, de bronchites chroniques et de problèmes cardio-vasculaires. Le partage de la pipe à eau entraîne des risques de contamination par des bactéries et des virus, de transmission de maladies telles l’herpès, l’hépatite et la tuberculose. Enfin, comme pour la cigarette, il existe un réel risque de tabagisme passif.
Que dit la loi ?
Ce n’est pas par hasard que la chicha est soumise aux mêmes lois que celles qui régissent la cigarette. Fumer en extérieur est autorisé. Mais en faire le commerce n’est autorisé qu’aux établissements qui disposent d’une licence débit de boissons 3 ou 4. Quant à l’accès aux bars à chichas, il est interdit aux mineurs. Il est du ressort de la municipalité d’autoriser ou non les bars à chichas sur les plages.
