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Vasectomie : l’opération taboue

Mature Male Patient In Consultation With Doctor In Office
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Peu populaire jusqu’alors, la vasectomie, méthode définitive, est aujourd’hui plus fréquemment abordée par les couples en quête d’alternative à la contraception féminine.

Faites le test. Parlez de contraception autour de vous. Tout le monde pense instantanément à la pilule et au préservatif. Rares sont ceux qui évoqueront d’emblée la possibilité d’une contraception définitive. Pourtant, ça existe pour les femmes (ligature des trompes) comme pour les hommes (vasectomie), et c’est autorisé depuis 2001 en France. Dans un contexte général de réflexion et de tentative de mise à plat des différences entre les hommes et les femmes, la vasectomie trouve-t-elle sa place au sein des couples ?

Pratique mondiale 

La vasectomie fait donc partie des méthodes de « stérilisation à visée contraceptive » selon l’intitulé officiel, et peu engageant, de la Haute autorité de santé. Ce sont les urologues qui pratiquent cette intervention consistant à réséquer les canaux déférents qu’empruntent les spermatozoïdes depuis les testicules jusqu’à la prostate. Le patient est ainsi rendu stérile. Chaque année, ils sont quelques milliers d’hommes en France (3 000 en 2017) à faire ce choix d’une contraception irréversible. Un très faible nombre comparé au Canada, aux États-Unis, à l’Inde, à la Corée du Sud, où la vasectomie est une méthode contraceptive comme une autre. Un rapport de l’Onu de 2013 estime qu’au Royaume-Uni, au sein des couples dont la femme est en âge de procréer, dans 21 % des cas, l’homme fait le choix de la vasectomie. Même tendance en Nouvelle-Zélande (19,5 %) et dans une moindre mesure aux États-Unis (11 %).

45 ans

À l’instar de l’Hexagone, aux Antilles, l’opération de contraception définitive n’atteint pas des sommets de popularité. Le Dr Gabin Agoua, chirurgien urologue à la Clinique Saint-Paul de Fort-de-France en réalise deux ou trois par année tout au plus. Autrement dit « davantage qu’il y a quelques années », précise le chirurgien. À l’échelle de la clinique, où trois urologues interviennent, cela ne représente pas plus de dix vasectomies par an. Qui sont ces hommes ? « Des Métropolitains exclusivement pour ce qui me concerne, décrit le Dr Agoua. Il s’agit d’hommes entre 45 et 50 ans, en couple, qui ont déjà des enfants et dont la femme ne souhaite plus ou ne peut plus avoir de contraception. » À partir de cette situation, c’est une discussion de couple qui s’installe et qui conduit à la décision de recourir à la vasectomie. Les patients qui franchissent la porte du service d’urologie se sont en général très bien informés avant d’entamer la démarche. En effet, bien que méthode contraceptive, « elle ne fait pas partie du planning familial, et n’est pas proposée aux patients par défaut. Ce sont eux qui sont demandeurs et qui interpellent les services de chirurgie urologique », explique l’urologue. Il existe aussi le cas d’hommes célibataires qui souhaitent se libérer du risque d’avoir des enfants. Dans tous les cas, un délai de 4 mois de réflexion est obligatoire avant une seconde consultation qui permet au patient de donner son consentement écrit. 

Anesthésie locale

« On reçoit aussi bien les hommes en tête-à-tête qu’en couple. Nous leur expliquons le détail des protocoles médico-légaux, leur demandons pourquoi ils souhaitent cette opération et les informons du risque propre à toute opération, qui nécessite la réflexion et la mesure du bénéfice/risque. » Cette consultation est également l’occasion d’évoquer et de bien cerner le caractère définitif de la contraception envisagée, avec la possibilité de proposer une préservation de sperme dans un centre de conservation du sperme (Cecos), pour le cas où l’homme changerait d’avis et souhaiterait à nouveau devenir père. Le jour j, l’opération ne nécessite que 10 à 20 min au bloc opératoire. La technique traditionnelle est aujourd’hui avantageusement remplacée par la « no scalpel vasectomy ». Cette vasectomie sans bistouri peut se réaliser sous simple anesthésie locale et consiste, grâce à une mini-incision à la base du pénis, à récupérer et couper le canal de l’uretère en deux endroits différents. Le patient peut ensuite reprendre une vie normale. 

La vasectomie sans chirurgie

16 semaines 

Pour une efficacité totale, il faudra attendre 8 à 16 semaines et environ 20 éjaculations pour la disparition des spermatozoïdes. Durant cette période, il est recommandé de recourir à une méthode de contraception complémentaire. À l’issue de ce délai final, un spermogramme sera réalisé afin d’attester de l’azoospermie et garantir que le but de l’opération a été atteint. Pour le reste, « aucun effet sur l’apparence physique, ni de modification de la qualité de l’érection ni de l’éjaculation », rassure le Dr Agoua. La vasectomie prend 10 min, n’affecte pas le désir sexuel, pas plus que le comportement psychologique et affectif… Alors pourquoi est-elle si confidentielle dans nos sociétés ? Bien entendu, les Antillo-Guyanais n’échappent pas à « l’angoisse de castration » qui prévaut encore dans l’Hexagone et au fait que dans l’imaginaire populaire, infertilité et impuissance ont partie liée. « À cela s’ajoute le fait que chez les Afro-antillais, la fertilité touche historiquement à la spiritualité et à Dieu… », perçoit le Dr Agoua, qui a exercé 5 ans en Guadeloupe et 5 ans en Martinique. Aussi, ajoute-t-il, « il semble encore mal perçu qu’un individu se sépare volontairement de sa capacité de fertilité. C’est un facteur, un élément capital de sa puissance sexuelle, en tout cas de la représentation qu’il en a ». Question de regard et de temps en somme, pour modeler des perceptions collectives et intimes instinctives. La banalisation de la discussion de même que les témoignages d’hommes, feront sans aucun doute de la vasectomie un choix de contraception comme un autre, dans le sillage du joueur de foot brésilien Ronaldo qui fit ce choix dès 2010 après avoir eu un 4ème et dernier enfant.

Opération inverse ?

Un des épisodes de la série américaine The Office a, entre autres, pu laisser planer le doute sur l’irréversibilité de la vasectomie. L’opération est bien « permanente et irréversible », ceci dit, il existe une intervention capable de re-perméabiliser des canaux déférents qui ont été obturés chirurgicalement. Opération délicate mais possible, la vasovasostomie doit être pratiquée dans les 3 années qui suivent, et offre un taux de réussite de 30 à 70 %.

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