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Antidouleurs : quels sont les risques ?

Antidouleurs : quels sont les risques ?
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Plus de 70 % des Français se voient prescrire au moins un antidouleur chaque année. Leur usage est très fréquent, notamment en automédication. S’ils sont bien utilisés, les risques sur la santé sont négligeables. Toutefois, en cas de mésusage, les complications peuvent être très graves, voire mortelles.

L’OMS classe les antalgiques selon trois paliers en fonction de leur puissance d’action. Le palier 1 pour les douleurs légères à moyennes, le palier 2 pour les douleurs moyennes à intenses, et le palier 3 pour les douleurs très intenses. Le palier 1 regroupe les antidouleurs à base de paracétamol (Doliprane, Efferalgan, Dafalgan), l’aspirine, les antispasmodiques et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Certains d’entre eux sont disponibles sans ordonnance, mais cela ne signifie pas qu’ils sont sans risque.

Paracétamol, attention au foie

Utilisé à bon escient, le paracétamol est le mieux toléré. Il est d’ailleurs le plus vendu en France et notre pays est le plus grand consommateur européen. Mais en cas de surdosage (plus de 4 g par jour pour un adulte et plus de 60 mg/kg/jour pour un enfant, plus d’1 g en une seule prise, moins de 4 à 6 h entre chaque prise et plus de 5 j de traitement), il peut être toxique. Les capacités épuratrices du foie sont épuisées et une hépatite aiguë, voire une insuffisance hépatique aiguë, peuvent survenir, nécessitant une greffe de foie.

Le surdosage en paracétamol reste la première cause de greffe hépatique d’origine médicamenteuse en France. Il est donc contre-indiqué en cas d’insuffisance hépatique sévère et son utilisation limitée (3 g/j) en cas d’insuffisance rénale, alcoolisme, insuffisance hépatique modérée, hépatite virale chronique et pour un patient âgé polypathologique. « Chez les enfants, les cas de surdosage sont parfois liés à la crainte des parents qui associent la fièvre à une infection grave. Ce qui est faux, rappelle le Dr Sophie Houille, médecin généraliste. Donner du paracétamol est utile en cas de douleur ou quand la fièvre est mal tolérée. Mais la fièvre est utile à l’organisme pour combattre l’infection. Une meilleure éducation des parents est sans doute nécessaire pour faire baisser la consommation. »

Douleurs chroniques, on fait quoi ?

L’origine des douleurs chroniques est variée : cancer, fibromyalgie, migraine, blessure au dos, arthrite, lésion des nerfs, accident, blessure, amputation… Comment les soulager ? « On est obligé de renouveler les prescriptions, précise le Dr Sophie Houille. Certains patients prennent des paliers 2 ou 3 depuis des années. Dès qu’il y a du mieux, on baisse les doses, mais il faut les remonter quand la douleur réapparaît. Il faut aussi surveiller les effets indésirables d’où l’intérêt de voir son médecin pour être interrogé, examiné et pour faire des prises de sang de contrôle. On pèse la balance bénéfice-risque ! » Des prises en charge non médicamenteuses peuvent aussi être envisagées comme la kinésithérapie, l’ostéopathie, l’hypnose, les massages, l’acupuncture…

Anti-inflammatoires, pas systématiques

Les AINS sont des médicaments qui bloquent les substances responsables de l’inflammation. Ils ont des propriétés antalgiques (douleur), antipyrétiques (fièvre) et, à doses plus élevées, anti-inflammatoires. Les plus connus sont : Aspégic, Spedifen, Advil, Ibuprofène… Du fait de la possibilité d’effets indésirables graves, ils ne devraient pas être systématiquement utilisés dans le cas de douleurs banales. « La première intention doit toujours être le paracétamol, conseille Olivier Berry, docteur en pharmacie. Les AINS arrivent en deuxième intention et doivent être délivrés sous conditions. D’où l’importance du conseil en pharmacie. » Afin d’éviter certains effets secondaires (nausées, brûlures d’estomac, ulcère…), les AINS doivent être utilisés à dose minimale efficace et pendant la durée la plus courte possible en particulier chez les personnes âgées (+ de 65 ans).

African american pharmacist working in drugstore

Depuis 2020, certains AINS et médicaments à base de paracétamol ne sont plus en libre-service dans les pharmacies. Placés derrière le comptoir, ils renforcent la vigilance des pharmaciens. « Rappeler la posologie et les mises en garde est le mot d’ordre dans toutes mes officines », confirme Olivier Berry, docteur en pharmacie. Des messages d’alerte sont aussi obligatoires depuis 2 ans, sur les boîtes de certains antalgiques.

Opioïdes : risques de dépendance

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Les paliers 2 et 3 regroupent les antalgiques opioïdes faibles (Codéine, Tramadol, opium…) et forts (morphine et dérivés). Ces médicaments, délivrés sur prescription médicale, sont de la même famille que l’héroïne et présentent donc des risques plus ou moins importants d’accoutumance.

« Les antalgiques de palier 2 sont surtout prescrits en post-opératoire, précise le Dr Houille. La morphine est souvent nécessaire pour les douleurs cancéreuses. Pour le palier 3, la prescription ne peut pas dépasser 28 j et l’ordonnance n’est pas renouvelable. Le patient est donc revu au minimum une fois par mois. » La consommation d’opioïdes est contre-indiquée en cas d’antécédent de toxicomanie, de dépendance à l’alcool, car « ces patients sont plus à risque de dépendance médicamenteuse ». « Les paliers 2 et 3 peuvent entraîner une confusion ou une somnolence, notamment chez les personnes âgées, et donc un risque de chute à prendre en compte », conclut le docteur.

Opioïdes : une consommation en hausse

Selon un rapport (2019) de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) sur la consommation des antalgiques opioïdes en France, leur consommation a augmenté depuis 10 ans. Une hausse due à la politique d’amélioration de la prise en charge de la douleur et de la mise en place, depuis 1998, de plans ministériels de lutte contre la douleur. Entre 2006 et 2017, la prescription d’opioïdes forts a augmenté d’environ 150 %. En cas de mésusage, les complications peuvent être très graves. Le nombre d’hospitalisations a augmenté de 167 % entre 2000 et 2017 passant de 15 à 40 hospitalisations pour 1 million d’habitants. Le nombre de décès a bondi de 146 % entre 2000 et 2015, avec au moins quatre décès par semaine.

Par Sarah Balay 

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